Pour tenter de répondre à la question du zéro déchet, il faut vivre l’expérience. Observer ne serait-ce que quelques jours la quantité de déchets et plus particulièrement les emballages que nous jetons.

Zéro déchet, j’ai testé pour vous !

Tout commence dès le petit déjeuner. Un jus d’orange du rayon frais dans une bouteille en plastique. Puis un café, une dosette ; certes, c’est pratique et rapide, mais la capsule terminera dans ma poubelle. Je peux l’éviter, il suffit de ressortir ma cafetière italienne, après tout c’est la meilleure façon de faire un bon café. Même plus besoin de filtre, et le mare, engrais naturel nourrira les fleurs de mon jardin. Pour mon jus d’orange, je les presserai.

Jusque-là, le zéro déchet semble être possible !

Pain, un peu de beurre et ma confiture industrielle préférée à la framboise, dans son pot en verre.

Direction salle de bain.

emballage-hygiène-cosmétique

Gel douche, shampoing, soin démêlant, tous emballés dans des contenants en plastique ! Aie !!! Dentifrice dans son tube et suremballage carton, crème de jour, fond de teint, lait hydratant, encore des tubes plastiques et des suremballages carton !!! Ça se corse.

Je poursuis ma journée. Quelques lessives, un grand coup de nettoyage et place aux loisirs.

Quatre bidons de lessive liquide, quelques berlingots d’assouplissant et pas moins d’une dizaine de bouteilles de détergents et produits d’entretien en tout genre.

Des déchets, encore des déchets, toujours des déchets !

A ce stade, je n’ai pas encore ouvert mon réfrigérateur, ni mon congélateur pour le déjeuner !

Quelques barquettes individuelles de crudités ou de plats préparés (en plastique), des yaourts dans des pots en plastique, de la salade prête à l’emploi sous sachet plastique et quelques barquettes de polystyrène entourées de film fraicheur étirable. Ha… J’oubliai, une petite barquette en bois contenant mes champignons.

Un litre et demi d’eau par jour est préconisé. Pas de problème, je bois ma bouteille d’eau tous les jours ! soit 365 bouteilles à moi seule par an. Les chiffres diffèrent légèrement d’une source à l’autre sur le net, mais globalement 8,3 milliards de litres d’eau seraient vendus en bouteille plastique tous les ans en France et moins de la moitié serait recyclée.

Triste constat ! Je suis très loin du zéro déchet !

J’ai beau m’indigner devant les photos de l’association Surfrider Foundation présentant les océans transformés en véritables poubelles, ou sur celles de dechet2lhumanite sur instagram, je contribue tous les jours à ce désastre !

Réagissons pour que le zéro déchet devienne possible !

Est-ce une utopie ?

En tout cas, cela nécessitera un immense effort collectif qui demandera du temps et de la persévérance et un changement de nos habitudes de consommation.

Particuliers, entreprises, industriels, gouvernement, dans ce défi nous devons tous être acteurs.

Zéro déchet, c’est avant tout lutter contre le « tout jetable ».

Retour près de 70 ans en arrière.

1950, Marcel Bich lance le stylo Bic jetable remplaçant la plume et l’encrier dans les écoles en 1965. En 1973 il lance le briquet jetable et 2 ans plus tard, le rasoir.

Son objectif : transformer des objets coûteux en produits du quotidien jetables et à petits prix.

Une révolution à l’époque.

Il a été vendu plus de 100 milliards de stylos cristal Bic !

Les couches-culottes remplacent les langes en lin qui devaient être lavés avant d’être réutilisés, et place aux lingettes, mouchoirs en papier, essuie-tout, vaisselle jetable…

C’est ainsi qu’est apparu le jetable. Comment à cette époque ne pas être séduit par tant de simplicité !

C’est l’époque des Trente Glorieuses, marquée par une forte croissance économique, la quête de l’amélioration des conditions de vie qui engendrera de véritables changements économiques et sociaux.

Plus de liberté, plus de loisirs, plus d’équipements et de consommation.

Le zero waste existait avant.

C’était le temps où la bassine plastique n’existait pas, elle était en Zinc.

Les grandes surfaces non plus, les commerces étaient de petites tailles, épicier, boulanger, boucher, droguerie, etc. Et les marchés étaient le rendez-vous incontournable de la semaine.

Pas de sachets plastiques pour transporter les courses, un ou deux petits filets à commission suffisaient ou un panier d’osier. Pas besoin de caddie de 240 litres, on ne faisait pas « le plein » à cette époque, on achetait à sa juste quantité.

Pas de plats préparés, ils étaient familiaux, les gâteaux, les biscuits étaient « fait-maison » et nos mères et grand-mères avaient toutes leur yaourtière…et ce sont les conserves maison qui remplissaient les étagères des placards.

Pas de snacking, les repas pris à l’extérieur étaient un pique-nique. Pain, pâté, couteau et gourde remplissaient la besace avec la petite serviette de table en tissu.

Les produits d’entretien se résumaient au savon noir, au savon de Marseille, au bicarbonate et au vinaigre blanc.

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Zéro gâchis, zéro déchet et les emballages étaient durables.

C’était un temps où nous avions le temps de prendre le temps !

Oui mais, aujourd’hui, nous n’avons plus ce temps.

Devons-nous revenir en arrière pour que le zéro déchet ne soit pas une utopie ?

Pour aller plus loin sur la question, je vous invite à lire notre article sur l’économie circulaire